Cuisine chinoise contre cauchemar moderne

Publié le par Xiao Zhu

Silence prolongé dans ces chroniques chinoises, malgré moi je vous l’avoue. Je vous explique tout…

Le mois dernier (le 26 décembre), un séisme du côté de Taiwan a rompu des câbles Internet qui reliant l’Asie du Sud-Est et la Chine au reste du monde... Déjà au Laos nous nous étions rendu compte de l’extrême lenteur des connexions (avec même un black-out total à Luang Namtha…) mais nous l’avions mis sur le compte de la vétusté du réseau lao et ce n’est qu’à mon retour en Chine que je pris la mesure de ce qui, dans un monde totalement « internetisé », s’apparente à un véritable cauchemar. Plus d’Internet ! Rien ! Plus de mail, de journaux, de chat, de skype : coupés du monde devant la quasi-impossibilité d'accéder à des sites étrangers depuis la Chine. Et je ne vous raconte pas les heures passées à tenter de poster mes chroniques sur le Laos, à charger des photos qui disparaissent et à maudire mon ordinateur… Au travail ce n’est pas plus brillant : des mails qui vous reviennent systématiquement dès que leur destinataire se trouve hors de Chine. Sans compter qu’il n’est pas toujours simple d’expliquer à vos interlocuteurs à l’étranger que, s’ils n’ont pas reçu votre mail, ce n’est pas parce que vous étiez bien trop occupée à récupérer le sommeil qui vous a manqué pendant vos vacances de Noël, ou bien parce que vous et vos collègues vous étiez lancés dans une compétition de poker inter-secteur mais bien…à cause d’un séisme (fort non comme excuse ! à essayer plus souvent !!).

Forcément, les réparations ont traîné en longueur. Alors qu’on nous annonçait un rétablissement total des lignes Internet le 15 janvier, China Telecom (après de multiples introductions techniques expliquant que les câbles qui étaient à plus de 3000 mètres de profondeur nécessitaient une machine mettant 16h pour attraper un câble abîmé à six ou sept endroits, dans une mer déchaînée…) reconnu qu’il lui semblait difficile de donner une date définitive, laissant espérer que tout irait pour le mieux à la fin du mois de janvier. Donc va pour le 30 janvier, qui devint fin février, puis... Le syndrome de la déconnection s’abattait sur la Chine (assez proche d’une certaine forme de dépression !), d’autant plus difficile à vivre en plein hiver (lorsque dehors il fait moins 6 et que votre seule envie et de rester en pyjama devant vos mails). Les gens se mirent à se coucher plus tôt, certains amis Chinois commencèrent à imaginer un gigantesque complot du gouvernement, s’acharnant à nous tenir éloignés des sites étrangers…

C’est alors que, fatiguée de regarder douze DVD par jour et ayant l’honneur de recevoir la visite d’une délégation poitevine en la personne de mon illustre maman, je décidais de faire un pied de nez à Internet et de partir à la découverte des plaisirs du Pékin hivernal. Et pour ce faire, quoi de mieux que de se réchauffer en goûtant aux mille saveurs ultra-caloriques de la cuisine chinoise.

Nous nous sommes donc rendues la semaine dernière chez une jeune chef cantonaise, Chunyi, qui vous accueille, en anglais et en chinois, dans la petite cuisine de sa maison des hutongs. On est souvent émerveillé de voir comment, en Chine, on peut faire des plats si délicieux avec de si minuscules cuisines : une plaque, un évier, un plan de travail et basta. Et dire que nous nous lamentons parce que nos immenses cuisines équipées manquent du dernier robot mixeur-broyeur-batteur-congelateur ! Nous n’étions que deux « élèves » et, blotties près du gros poêle à charbon, nous étions impatientes de percer les secrets d’une cuisine à la fois simple (peu d’ustensiles, peu d’ingrédients) et complexe (« un quart de pincé de maïzena, un tiers de sauce de vieux soja, non pas le jeune soja », argh, je m’y perds !), mais toujours délicieuse. Commençait alors un véritable cours, durant lequel Chunyi nous présenta les différents condiments de la cuisine chinoise (huiles, sauces, vins, poivres, piments…), les ustensiles… Puis vint l’heure de la pratique, autour de 3 recettes : une recette de Canton (un poisson au gingembre et aux petits oignons, cuit à la vapeur : un régal), une recette du Sichuan (le Yuxiang Rousi鱼香肉丝 , émincé de porc au goût de poisson, un de mes plats favoris) et enfin le BEST OF de Pékin, une recette de chou chinois à la sauce pékinoise. 4h qui défilent très vite, durant lesquelles on coupe, on assaisonne, on mélange, on fait frémir, on cuit (toujours au wok, forcément) et entre chaque plat on s’attable près du poêle pour goûter nos « œuvres » ! Et maintenant que je suis devenue experte en maniement de hachoir et de wok, je vous dois une invitation pour un dîner chinois !

En attendant les prochaines vacances s’approchent et mes lectures sur le Japon m’appellent… Deviendrai-je maître dans l’art du sashimi ? Affaire à suivre…

Le site web de Chunyi : http://www.hutongcuisine.com


 

Publié dans Chroniques chinoises

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