Oulan-Bator, Qingdao, Tokyo...et Pékin, enfin

Publié le par Xiao Zhu

« J’y arrive pas », « j’y arrive pas »… Désolée je suis vraiment trop flemmarde et je n’arrive vraiment pas à me dire « allez, aujourd’hui tu écris ». Et puis plus je tarde plus j’oublie, plus j’oublie moins j’ai envie d’écrire, moins j’ai envie d’écrire moins je m’y mets. En plus en ce moment nous n’avons pas encore le chauffage et écrire avec les doigts gelés n’a vraiment rien d’évident (bon j’avoue, j’exagère un peu, mais il faut bien se trouver des excuses) ! Mais aujourd’hui, chose rare, je me sens l’esprit clair et donc d’attaque pour écrire quelques lignes. La difficulté étant désormais de résumer. Non pas que j’ai une vie si incroyable mais ce mois de septembre a été assez remuant, que ce soit pour le travail ou pour des vacances et je suis donc un peu effrayée par tout ce qu’il y aurait à raconter.

Donc j’en étais à la Mongolie, plan 2 (le plan 1 étant le train, j’ai l’âme cinématographique en ce moment !), scène 1 : arrivée en gare d’Oulan Bator sous un crachin inhabituel pour ce pays éternellement sec. Comme je ne vais pas pouvoir vous faire le film complet sous peine de vous assommer et de perdre irrémédiablement mes derniers et rares lecteurs, je tente de faire court : la Mongolie (enfin plutôt Oulan-Bator parce que la Mongolie ce n’est pas encore cette fois-ci que je l’aurais découverte), 5 jours passés à travailler (un peu) et à découvrir ou redécouvrir la ville (beaucoup), mais sous un autre angle, celui des gens qui y vivent. De restaurants indiens en bars hollando-mongols, de soirées underground hip-hop/folk (mais c’était pour le travail !! si, si !!) en discothèques du 4e millénaire, de balades sur la Peace Avenue en déjouage de deux attaques de redoutables pickpockets...
Parmi les redécouvertes : celle d’une ville curieuse, très russe, très soviétique mais où, depuis la dernière fois, les buildings en construction (seront ils jamais terminés ?) ont fleuris, les voitures ont envahis les rues et le mausolée du père de l'indépendance, Sukhe Bator, a disparu de la grande place de la ville (un peu comme si on congédiait Lénine de la Place Rouge, quel choc !), où on trouve de tout et on mange désormais très bien (ce qui ne m’a pas empêché de m’empoisonner méchamment avec le plat national, les « buuz », effectivement avec un nom pareil…). Je n’ai malheureusement pas pu sortir de la ville (pas facile toute seule) et « redécouvrir » la campagne mongole mais je suis retournée dans mes endroits préférés, comme le temple Gandang et connais désormais UB comme ma poche !


Parmi les découvertes : l’incroyable marché Narantuul (aussi appelé « marché aux voleurs » ou « marché noir ») où en un dédale de travées se résume la vie mongole. Du beurre, des baies, des dels (longues robes constituant le costume traditionnel mongol) de couleurs, des bottes en cuirs toutes plus belles les unes que les autres, du feutre, des chapeaux très élégants et ces adorables meubles peints qui meublent toutes les yourtes du pays (ce qui me vaut d’ailleurs de repartir avec un tabouret sous le bras, extrêmement pratique dans l’avion de retour !).


Je découvre également une jeunesse mongole libre et branchée, cosmopolite (beaucoup de métissage à ma grande surprise, on croise même des Mongols aux cheveux crépus), ouverte sur le monde, sachant s’amuser et discuter, bien loin des soirées karaokés niaises et des discours calibrés de la jeunesse pékinoise. Certes, je ne me leurre pas et sais bien qu’il s’agit là de la jeunesse un rien fortunée d’UB, qui peut partir à étudier en Allemagne ou s’offrir ses rhum-coca au Métropolis…
Quatre jours après mon arrivée je sais prendre le taxi toute seule sans trop me faire arnaquer (et je vous jure que cela n’a rien d’évident), commander mes plats au Han Buuz (le fast-food mongol empoisonneur) et je me sens loin, très loin de la Chine qui m’apparaît à travers le petit poste de télévision de ma chambre d’hôtel, avec sa cérémonie cucu d’ouverture des Jeux Paralympiques.
Curieuse ville qu’Oulan-Bator. Je n’y vivrais sûrement pas et dois reconnaître que mes premières heures de retour à UB ont été un peu raides, avec l’impression de revenir 4 ans en avant, quand perdues dans la ville la plus laide du monde, nous déprimions sec avec Maman, à trembler à chaque fois que nous entendions la moindre phrase en russe (traumatisme post-Russie). Mais je me suis bien amusée, grâce à mes deux hôtesses hors pair, Nathalie et Emelyne.

Oulan-Bator, où les anciens symboles communistes cohabitent avec Tokio Hotel...

Deux jours plus tard, à peine le temps de me remettre de mon intoxication à la buuz saveur mouton faisandé, me revoilà dans l’avion direction Qingdao, ville de bord de la mer au sud-est de Pékin, pour un séminaire et un week-end à la plage. Il fait beau et chaud et passer des steppes mongoles aux joies de la mer (même chinoise) est un régal. Si on arrive bien sûr à faire abstraction du défilé de maillots de bain des années 1940, tous plus atroces les uns que les autres. Moi j’ai eu du mal !


Nous sommes encore en plein Jeux paralympiques (Qingdao accueille les épreuves de voile) et croisons champions et entraîneurs dans une ville proprette, malgré les poissons séchés étalés sur le trottoir. Cette fois-ci encore je ne manque pas d’être surprise par la déferlante de mariés en train de se faire prendre en photo dans des poses absolument ridicules. Qingdao, avec son petit air européen et ses plages découpées doit vraiment être « the ultimate romantic place » en Chine. J’y penserai pour mes photos de mariage !


Enfin, dix jours plus tard dernier départ, pour le Japon et de vraies vacances cette fois-ci (même si ce qui précédait n’avait pas été franchement stressant). Retrouvailles familiales au Pays du Soleil Levant, un concept sympa.


Une mention spéciale tout de même pour la compagnie aérienne américaine qui m’achemine jusqu’à Tokyo (avec pour destination finale Hawaii) : pas moins de trois fouilles de tous mes bagages, interdiction totale d’emporter du dissolvant (Ben Laden déguisé en manucuriste ???) et dans le magazine décrivant les films en vol, le dessin animé « Kung Fu Panda » signalé comme « adult content » (« contenu adulte »). Bienvenue dans le merveilleux monde des Etats-Unis d’Amérique, encore plus dingue que le Japon par moment !
Mais revenons donc au Japon, qui est et demeure toujours mon grand amour. A peine débarquée à Narita, je me rue d
éjà dans un petit « convenience store » (supérette) de l’aéroport, comparer tous les plats délicieux qu’on peut y acheter à emporter (et puis les Américains de NWA m’ont affamé dans l’avion…). J’avais développé dans mon post sur Cuba ma thèse sur les « routes de l’aéroport », l’endroit où encore tout imprégné de son univers passé, on se rend compte qu’on est ailleurs. L’effet « route de l’aéroport » a lieu une fois de plus lorsque à peine sortie de Narita, alors que je sillonne la banlieue de Tokyo dans mon Skyliner ultra-rapide, je me retrouve surprise de voir des affiches électorales (chose inconnue en Chine). Je me rends compte que je viens de poser le pied dans une démocratie. Et j’en suis heureuse.
Notre hôtel est assez commun, mais situé dans un quartier agréable, celui d’Ueno (si on fait abstraction du côté un peu « rue St Denis » de notre pas de porte, avec clubs de strip-tease et prostituées chinoises à chaque mètre) et nous y avons une belle chambre à tatami et toilettes aux mille boutons !
Difficile de résumer 10 jours (et donc mon plus long séjour jusqu’à présent) au Japon en quelques lignes mais je dois m’y efforcer car sinon vous y seriez encore demain. Pourtant tellement de choses à dire… Sentiment de liberté grisant et électrique en marchant dans le parc Yoyogi, en descendant vers Shibuya, en ressentant les vibrations d’Harajuku. Chaque quartier est un trésor aux mille facettes. Je ne veux plus en partir et mon projet d’escapade dans la campagne japonaise ne fait pas long feu. C’est Tokyo que je veux ! En l’espace de quelques jours et de quelques rues je me retrouve projetée tour à tour à Paris, à Londres, à New York ou dans un village japonais oublié…


Je retrouve beaucoup de choses qui n’ont pas tellement changé depuis l’an dernier (ce qui est franchement différent de la Chine) mais découvre aussi de nouveaux quartiers : le havre de paix de Yanaka, entre cimetières, temples et cafés ; les virées shopping à Harajuku et Ginza, où je laisse toutes mes économies alors que l’euro ne cesse de chuter ! ; l’Ile d’Odaiba où j’arrive sous la pluie et qui semble tout droit sortie de « Blade Runner » ; Ryogoku et ses deux apprentis sumos juchés sur des vélos bien trop petits pour eux, comme dans un manga, tellement drôle ; l’immense marché aux poissons de Tsukiji où nous mangeons à 7 heures du matin, encore chaussées de nos bottes de caoutchouc de poissonnières, les sushis les plus frais du monde.

Tsukiji, 6 heures du matin... Le plus grand marché aux poissons du monde

Trois escapades quand même… La première est Hakone, au pied du Fuji. Plongés dans la brume nous n’apercevrons jamais le Mont Fuji mais nous mangeons les œufs cuits dans le souffre censés nous amener 7 ans de vie en plus et découvrons le « plaisir » du Onsen, le bain à la japonaise. Personnellement je n’ai pas franchement apprécié de me faire ébouillanter comme un homard et d’en ressortir avec la couleur, mais l’expérience n'en était pas moins intéressante. Et puis l’affiche à l’entrée interdisant l’accès à toutes personne portant des tatouages (car possible yakuza - mafieux -) valait à elle seule le détour ! Deuxième balade : Nikko la zen, qui me fait beaucoup penser à la ville de Nara visitée en 2007, les daims en moins, et où nous passons la nuit dans une guest-house aux allures de maison de campagne anglaise où tofu et thé vert sont la diète principale. Puis enfin Kamakura où je pars en solitaire, à la rencontre du Pacifique, du Grand Bouddha, de la lumière d’automne dans les temples et des burgers à l’avocat (et surfeurs) nippo-hawaiens.


Je retrouve aussi mon amie de Kyoto, Noriko, qui habite maintenant à Tokyo et chez qui je loge les deux derniers jours, mes compagnons de voyage étant partis découvrir les beautés du Sud. J’assiste avec elle au concert de The Cinematic Orchestra (Shibuya, le Cinematic Orchestra, une salle incroyable, des gens qui savent apprécier la musique, dansent et vibrent avec elle, c’est trop pour une seule fois…). Sentiment de bonheur comme seul le Japon peut m’en apporter. En allant à ce concert comme lors de mes promenades je suis émerveillée par la façon dont les Japonais sont en prise avec le monde tout en restant tellement uniques.


Puis Pékin et la déprime post-Japon. Après dix jours dans ma bulle de douceur, de beauté, d’énergie, j’ai l’impression de débarquer au fin fond d’une cambrousse moyenâgeuse. C’est sale, ça pue, c’est moche, c’est quoi ce pays ? Je crois vraiment qu’il est temps que ces chroniques chinoises changent de nom, j’ai besoin d’autre chose, j’ai besoin d’ailleurs, j’ai besoin de nouveauté et de liberté. Pas forcément le Japon, car je suis bien consciente qu’il est bien plus facile d’y être une simple touriste de passage que d’y vivre. Juste ailleurs.
Dès mon retour, je suis « heureusement » avalée par un flot de travail qui ne me laisse pas le temps de déprimer (et un anniversaire en perruque rose qui me remonte le moral de façon très efficace !). J’essaie désormais d’être autant que faire se peut « toute entière » à la Chine où je vis certainement mes derniers mois pékinois. Pas toujours facile,
mais avec un peu de bonne volonté…
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Y
trop belle la photo de tokyo hotel.. c'est à Narantuul que j'ai acheté tes botinettes mongoles et ma super chapka! sinon j'ai aussi acheté un des maillots de bain des années 40 de la photo, le 2eme en partant de la droite, 15 kuais incluant les faux seins rembourrés, effet garanti! :)
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M
Merci Julie de me faire voyager si loin.  C'est toujours un plaisir de lire tes récits et je les guette avec impatience.Bisous à toi et toute la famille.Morag
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L
raconte nous doucement encore tes aventures mais plus douucement , OB ne fut pas qu'un mauvais souvenir plutôt une découverte insolite .raconte le japon zen , l'as tu senti ???
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