Pékin - Oulan Bator

Publié le par Xiao Zhu

Alors pourquoi suis-je donc partie en Mongolie ? Je vous avais laissé un peu sur votre faim la dernière fois en vous annonçant mon départ précipité pour le grand Nord sans vous en expliquer les raisons. Non on ne m’avait pas expulsée de Chine, non je ne reprenais pas ENCORE des vacances. Disons que je devais y convoyer une exposition et des livres afin de réduire les coûts de transport et surtout éviter de sacrés problèmes avec la douane sino-mongole. Et puis ça tombait plutôt bien parce qu’au même moment avait lieu à Oulan-Bator un festival de musiques monté par des français, avec un artiste que je comptais faire venir en Chine dans l’année.

Pékin-Oulan Bator

Voila donc comment nous nous sommes retrouvés, moi et ma caisse de 80 kg, sur le quai de la gare de Pékin, par une belle journée ensoleillée de septembre. Je m’apprêtais alors à refaire le chemin inverse à celui parcouru il y a déjà 4 ans, quasiment jour pour jour. Sauf que là plus de première classe avec maman mais compartiment de dernière, seule femme d’un wagon remplis de migrants du Shandong (province au Sud de Pékin) partis gagner leur vie en Mongolie. Heureusement mon compartiment n’est pas plein et je me retrouve seule avec un jeune mongol très calme et très propre. Avec les migrants tabagiques tous taillés sur le même modèle chemisette, ballerines chinoises et costumes de ville ringards parfumés à l’ail, ça aurait été une autre histoire.


A peine montée dans le train deux défauts fondamentaux dressent le chef de wagon contre moi : je suis une fille et j’ai le mauvais goût d’être occidentale. Après m’être faite incendier parce que j’avais eu l’impudence de vouloir regarder par la fenêtre du couloir au lieu de rester bien sagement en boule sur ma couchette, je me disais que le voyage commençait bien. Ce chef de wagon, non content d’être passablement antipathique, s’était en plus approprié la moitié du wagon pour son usage personnel. Il avait carrément réquisitionné un compartiment entier, devenu sa chambre et son salon (parfait pour recevoir les autres chefs de wagon) mais surtout la seule et unique salle des lavabos du wagon. Une organisation implacable :  la salle des lavabos pour stocker, couper et préparer son frichti, la chaudière du samovar (grand réservoir d’eau chaude indispensable pour remplir son thermos de thé ou se faire ses nouilles instantanées) pour cuire le tout et le compartiment pour manger le résultat de ses prouesses gastronomiques ferroviaires à grands renforts de « slurp, slurp ». Par contre en ce qui nous concerne, que l’on ne s’avise pas de vouloir traîner dans le couloir et pour se brosser les dents, tant pis, il faudra faire ça dans les toilettes immondes. Il a aussi déclaré la guerre aux migrants du Shandong qui me font bien rire et qui, comme de vrais gamins turbulents, n'en ratent pas une : ils se perdent sur le quai, oublient de remonter dans le train à l’heure, fument dans les couloirs, font du bruit, bref ne font que des bêtises et se font systématiquement houspiller. Le sort qu’ils infligent à mon seul point d’eau, à savoir les toilettes, me fait cependant nettement moins rire.

Compagnons de voyage

A peine sortis de Pékin, nous traversons des paysages magnifiques, gorges, canyons, montagnes j’ai de la peine à croire que nous sommes encore en Chine tant les rivières sont propres, le ciel bleu et l’air pur. Puis après être passés à travers des kilomètres de champ de maïs et de vignes, la végétation se fait de plus en plus rare. A Datong nous entrons pour de bon dans les terres sèches du Nord et c’est au soleil couchant que nous commencont à découvrir le début pelé du désert du Gobi.


Arrivés à Erlian, ville frontière chinoise, l’air s’est rafraîchit depuis Pékin. On nous prend nos passeports puis notre train (et nous toujours dedans) part dans un grand hangar où on change les roues de tous les wagons ! Si, si, les rails mongoles et les rails chinoises n’ayant pas le même écartement, on doit changer le châssis du train. Difficile à expliquer mais vrai ! Je profite de l’attente pour devenir la confidente des migrants du Shandong qui me racontent qu’ils quittent la Chine pour la première fois, pour gagner un peu plus sur un chantier de construction en Mongolie. Quelle excitation pour eux de quitter la mère patrie ! Au même moment, le chef de wagon découvre incrédule que je parle chinois et je passe donc du statut d’ « étrangère débile » à celui ô combien enviable alliée potentielle pour civiliser les migrants (ce qui me vaut des petites intentions comme un seau d'eau jeté juste avant mon passage dans les toilettes préalablement saccagées par les migrants ou encore une indulgence relative sur mes allées et venues dans le couloir).

Puis ça y est, après plusieurs heures d’attente, les passeports sont récupérés, les roues changées, nos bagages inspectés, et nous passons enfin la frontière passage à 1h du matin. Je tombe de sommeil quand la belle (et géante) employée de l’immigration mongole aux lèvres carmins (à 1h du matin je salue l’effort) et son acolyte le douanier Gengis Khan viennent nous contrôler. Encore une heure environ et nous redémarrons.

Et voilà nous sommes en Mongolie. Je ne peux m’empêcher de songer à mon excitation au même endroit il y a 4 ans, en entrant pour la première fois dans cette Chine qui occupait mes pensées depuis si longtemps !

Cette fois-ci je fais le chemin inverse, curieuse de découvrir un pays qui en 4 ans a du bien changer…

 

Changement des roues à la frontière sino-mongole

 

Je me réveille le lendemain matin, tirée du lit à 10h (j’étais la dernière du wagon à dormir si « tard ») par le chef de wagon qui avec sa grande délicatesse me balance une couverture en me disant : « Tu dors encore ? Allez, tiens !» (pour lui c’était une attention gentille).

La plaine est trempée par un crachin triste, paysage immense, puis Oulan-Bator (UB pour les intimes) apparaît, avec ses bidonvilles de yourtes. A nous deux UB !



Suite au prochain épisode (désolée) !

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Y
ouiii c'est véridique les gendarmettes mongoles de la frontière ont trop la classe!!<br /> et alors le prochain épisode!??
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C
 je suis ravi d'avoir de tes nouvelles par ton blog.je sais que tu doit retrouver Marie jo et Clement, je vous souhaite un bon sejour et j'attend avec impatience de lire d'autre chroniques. gros bisous Catherine .
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