Chronique olympique - deuxième (et dernière !) édition

Publié le par Xiao Zhu

Il m’aura fallu le calme d’un dimanche ensoleillé passé au bord d’une piscine pékinoise (si, si, il y a des piscines à Pékin, j’ai eu besoin de temps pour découvrir celles avec option sans crachats mais maintenant que c’est chose faite je me régale) pour retrouver le courage et l’énergie d’écrire.

J’ai pris du retard mais je vous devais encore le récit de la deuxième et dernière semaine des JO. Et bien, somme toute une semaine qui est passée à vitesse grand V, en donnant toujours l’image surprenante d’un Pékin idéal, où le soleil vrille, où personne ne crache et où le métro est gratuit pour les détenteurs de billets olympiques. Même les terrasses (dont je déplorais la disparition dans mon dernier post) étaient revenues (mais pas les DVD, grrr). Bref le bonheur selon Hu Jintao. Pour cette deuxième semaine, pas de soirée champagne (en fait la dernière m’a suffit pour les trois prochains mois je crois !) mais la deuxième et ultime compétition de mon parcours olympique, le handball. J’avoue que c’est sans grande conviction que je me rendais à ce match de handball féminin, beaucoup moins amusant que le plongeon à mon sens. En plus, la France et la Chine venaient de se faire éliminer en ¼ de finale et nous retrouvions avec une ½ finale Corée/Norvège et Russie/Hongrie, sans conteste de très bonnes équipes mais pas forcément des plus passionnantes lorsque 1/ on n’y connaît rien, 2/ on n’est ni coréen, ni norvégien, ni russe, ni hongrois ! Deux matchs, des pom-pom girls chinoises survoltées, un mini-scandale (les Coréennes ont refusé le point final donnant la victoire à la Norvège et sont restées près d’une demie heure sur le terrain sans vouloir bouger, sanguins les Coréens !) et trois paquets de pop-corn (pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent) plus tard, victoire pour la Norvège et la Russie qui se retrouveront en finale (où la Norvège gagnera l’or). Match un peu fade côté gradins (dont un quart est vide), car sans supporters chinois, mais le défi est relévé par des supporters norvégiens et hongrois venus en nombre et aux chorégraphies très organisées (chacun ayant son G.O en chef et sa version de la ola locale, très disciplinée chez les Norvégiens, très sophistiquée chez les Hongrois).

Le National Indoor Stadium

Mais au delà du match, cette soirée avait surtout pour moi l’avantage de me faire découvrir le parc olympique « by night ». En effet, le National Indoor Stadium, où se jouaient les compétitions de handball, se trouve dans le parc olympique, juste entre le Cube et le Nid d’Oiseau, et à la sortie du match c’est un vrai éblouissement de couleurs et de lumières, le Cube, avec ses couleurs changeantes, restant définitivement mon préféré. Et comme prévu, la soirée se termine au Mac Do, le temps de laisser défiler devant nous, en masse compacte, les milliers de personnes sortant de toutes les compétitions de la soirée (c’était un Big Mac chez Mac Do, soit périr écrasé dans le métro, le choix a donc été vite fait).


Mais voilà, en ce premier jour de septembre, les Jeux sont déjà loin. Fini la frénésie olympique (sauf dans mon quartier où une voisine arbore toujours fièrement la poussette – les poussettes chinoises ressemblent à une sorte de carriole à quatre roues – de son bébé, ornée du drapeau chinois et du drapeau JO, à mourir de rire), fini l'air pur, finies les mascottes débiles...
La cérémonie de clôture, elle, nous a paru bien décevante par rapport à celle d’ouverture, juste rafraîchie  (mon avis, les Chinois eux ont détesté) par les 8 minutes londoniennes, avec un grain de folie bien british et des rifs de guitares un brin plus funky que toute la soupe sentimentalo-nationaliste de la cérémonie chinoise. Mais je dois être un peu de mauvaise foi.
Ca y est, les Jeux sont finis et devant la télé à regarder les feux d’artifices en mangeant de la tarte aux pommes, nous en venions quand même à se dire « tout ça pour ça !».

Alors certes, la Chine a atteint son objectif, en mettre plein les yeux et rafler toutes les médailles (50 médailles d’or), montrant ainsi que désormais c’était elle qui comptait mener la danse. Où au moins être acceptée comme cavalier digne de ce nom. Du sport, du beau sport, deux semaines de sport… et rien d’autre. La place n’a pas été donnée à la politique pas plus qu’elle n’a été donnée au divertissement ou à la liesse populaire. Des JO au compris uniquement dans leur sens sportif en somme…

Tout ça pour ça, et maintenant ? « Et maintenant », une question que nous nous posons tous tant les JO étaient pour nous quasiment devenus une fin en soi, un summum, une apothéose dont on ne concevait pas l’après. Et pourtant l’après pose de nombreuses questions. La semaine dernière, un article français établissait un parallèle très intéressant avec la Rome Antique, où l’harmonie était préservée pourvu qu’on puisse donner au peuple « panem et circenses », « du pain et des jeux de cirque ». Car si nous avons, pendant ces deux semaines, eu le circenses, le beau sport, les records, les Phelps et le Bolt, le larmes de Liu Xiang, si la magie de la mise en scène grandiose du circenses a effacé pendant deux semaines les efforts, les sacrifices consentis par tout un peuple, dès que le cirque s’arrête on se retrouve face à la réalité crue. Et il ne faudra pas bien longtemps avant que la Chine soit rattrapée par la nécessité d’assurer le panem, le pain quotidien, le bien-être, la croissance à deux chiffres quasi-obligatoire, la prospérité, la paix et la stabilité d’une puissance mondiale de 1, 3 milliard de personnes.

En attendant, on oublie la gueule de bois des lendemains de fête et on se berce de l’illusion que la fête n’est pas finie avec le début des Jeux Paralympiques, le 6 septembre, mais le cœur n’est plus. La ville qui n’en est pas à une transformation près a remplacé en une nuit toutes ses Fuwa (mascottes olympiques) par Funiulele, « le bœuf joyeux » (mascotte paralympique). Mais tout cela sonne un rien faux, surtout dans un pays qui n’a jamais eu beaucoup d’égards pour ses handicapés (enfin quand je vois les escaliers des couloirs du métro Montparnasse, je me demande si nous avons des leçons à donner en la matière). Aux dernières nouvelles les billets se sont finalement vendus. Soupir de soulagement général puisque le bureau d’organisation des Jeux Paralympiques en était venu, vu l’absence d’engouement initial, à envisager de faire venir 35000 faux supporters pour remplir les stades !


"Du passé faisons table rase", bye bye les Fuwa...

...l'heure est désormais aux adorateurs de Funiulele, le "boeuf joyeux" !

Je suivrai tout cela de loin car dans l’immédiat je vais essayer d’oublier Pékin le temps d’une semaine (et les menaces d’éviction de ma propriétaire, sujet qui me remplit d’angoisses) en partant dès demain pour les steppes mongoles. Oui, oui vous avez bien lu. Non, non ce n’était pas prévu… Mon sac m’attend, le train part dans 7 heures, je vous raconte tout dès mon retour.

Publié dans Chroniques chinoises

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